Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Imaginons

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Comme il serait facile d'imaginer un monde où le but de la vie ne serait pas la conquête, la compétition, la domination, la carrière, le challenge (quel mot imbécile !) et autres stupidités de notre société soi-disant civilisée. Mais qui n'est en fait pas supérieure au primitif qui protégeait sa grotte face aux "prédateurs" qui cherchaient eux aussi un abri.

J'avais espéré que la médiatisation de cette idiotie de fin du monde pourrait faire prendre conscience de notre présence éphémère sur ce monde. Qu'après tout nous n'étions ici que pour une microseconde à l'échelle de l'univers. Mais non. Tout ce qu'a pu générer cette fin de monde, c'est des soirées "apocalypse" à la con dans des discothèques martelées par des musiques fabriquées à la presse hydraulique. Rien ne change. Des guerres à la con, des morts, des débats stériles pour savoir si on peut se marier ou pas, des gens qui crèvent de faim ou de froid dans la rue, des crétins qui se précipitent sur le dernier gadget à la mode fabriqué par des ouvriers exploités au profit de multinationales dont le seul but est d'engranger toujours plus de pognon, des imbéciles qui s'expatrient pour ne pas lâcher une miette du fric qu'ils ont amassé, une planète qui continue de tourner malgré toutes les souffrances que lui font subir une espèce prédatrice qui se targue d'intelligence. Pff… J'avoue que j'en ai plein le cul de ce monde. J'attends de me casser d'ici et surtout ne jamais y revenir. Foutre le camp. Torcher le cul au firmament comme le dirait mon ami Christian Décamps. Je ne suis pas pessimiste. Je me dis chaque jour que tout cela pourrait évoluer. Mais chaque jour je me réveille dans ce même cauchemar. Un cauchemar qui empire de jour en jour. Souvent je me dis que jamais je n'aurais dû apprendre à lire, à écrire, être un individu irresponsable, comme tant d'autres. Ne pas me poser de questions, ne pas chercher à savoir, ne rien apprendre, vivre comme un animal. Métro, boulot, dodo, loto. Vivre dans ce rêve entretenu. Malheureusement, j'ai un cerveau qui fonctionne et qui ne peut que regarder cette humanité débile et aveugle fonçant dans le mur au rythme d'une croissance économique stupide. Je ne vivrai heureusement pas assez longtemps pour voir cette fin inéluctable, et c'est tant mieux. Mais il faut reconnaître que l'humanité aura été vraiment con pour n'avoir pas su saisir la chance extraordinaire qu'elle avait.