Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Le grand réveil démocratique

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Nexus92b

 

 

 

 

 

 

 

Je voudrais revenir sur un dossier du dernier numéro de l'excellent magazine Nexus (n° 92 mai/juin) : le vote par tirage au sort. Absurde ? Pas du tout ! Toute la question consiste simplement à organiser la vie démocratique différemment et d'adapter cette voie à nos sociétés modernes Pour faire un peu d'histoire, le vote par tirage au sort remonte à la république d'Athènes. À l'époque, n'importe quel citoyen de la Cité pouvait se voir, un jour, tiré au sort pour exercer une responsabilité au sein de la communauté. Il est vrai qu'à l'époque, cela ne concernait que les hommes (les femmes, les esclaves et le "petit peuple" en étaient exclus). Le mandat, court, était unique, d'où l'impossibilité de "faire carrière" en politique. Les élus, quant à eux, étaient tenus de rendre des comptes au terme de leur mandat, sanctions éventuelles à la clef, comprenant le bannissement. Mais ceci est-il adaptable à des populations de plusieurs dizaines de millions de personnes ?

 

L'idée fait son chemin depuis les années 80. Une piste avait d'ailleurs été proposée en 2007 par Ségolène Royal : des citoyens, tirés au sort, formeraient une sorte de jury de 500 ou 1000 personnes, ce qui permettrait de nommer des personnes de tout bord, de toutes régions, et de sensibilités politique parfois diamétralement opposées. Bref : un panel représentatif de la population française. Cette assemblée aurait alors pour mission d'auditer et de juger l'action des politiques élus traditionnellement par scrutin. À l'époque, personne n'avait réagi. Mais, alors que cette idée revient actuellement, on assiste à un tollé général de l'extrême droite à l'extrême gauche. Et pour cause : les carriériste de la politique n'ont pas envie de rendre des comptes ! Nous sommes évidemment très loin de voir aboutir une telle idée qui, pourtant, remettrait le citoyen au cœur du débat politique, et qui le responsabiliserait. La vie publique ne pourrait que s'en retrouver améliorée.

Les détracteurs de cette idée disent, bien évidemment, que ce serait pure utopie, que ces citoyens lambdas seraient incompétents, incapables de s'entendre, et donc d'obtenir le moindre consensus. Et pourtant… Depuis quelque temps, les défenseurs de l'idée ont commencé à organiser des ateliers constituants, en réunissant des assemblées de plusieurs centaines de personnes, de tous bords, qui se réunissent en petits comités chargés de rédiger les bases d'une nouvelle constitution. Et ça marche ! Le fait de débattre, d'écouter les autres, de discuter les idées dans la sérénité, fait que, loin de tomber dans l'anarchie, des résultats apparaissent, tenant compte des idées des uns et des autres, voire mieux : en étayant les différentes positions, apparaît systématiquement un consensus prometteur.

Lisez donc le dossier de Nexus : vous serez moins sceptiques sur la méthode !