Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Il était une fois...

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

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Il y a longtemps, très longtemps, des milliers d'années pour être imprécis, dans une puissante et magnifique cité d'Orient, habitait un très vieil homme et sa femme.

Bien qu'il fût nonagénaire, le vieil homme était doté d'une vigueur exceptionnelle, même si, au fil des ans, ses appétences sexuelles avaient un peu faibli. D'autant que son épouse, tout aussi vieille que lui, était désormais moins appétissante que dans sa prime jeunesse.

 

Mais qu'importe ! Durant leur longue union, et malgré de nombreuses tentatives, celle-ci n'était jamais parvenue à lui donner la descendance qu'il désirait tant.

Aussi, il décida un jour de se rendre à l'hypermarché du coin, où l'on venait d'ouvrir un rayon pharmacie, grâce à une nouvelle loi qui venait d'être promulguée. Plus besoin d'aller voir le sorcier ou l'apothicaire : on y trouvait tout ou presque.

Et ce que le vieil homme recherchait, c'était une boîte de Viagra. Par précaution, il en acheta plusieurs, et rentra tout guilleret chez lui.

Quelques heurs plus tard, sous les traits effarés de son épouse, il se présenta nu, le braquemart gonflé à bloc, il la renversa sur la table de la cuisine Ikéa, et la prit sans ménagement. Quelques jours plus tard, il revint avec, cette fois, un test de grossesse.

Hélas ! Ce dernier se révéla négatif. Alors, pris de frénésie, il avala toute une boîte de Viagra et s'affaira sur sa compagne durant des heures, des jours, des semaines, ne s'arrêtant que pour aller pisser ou pour boire un pack de bière égyptienne.

Mais rien n'y fit : les tests restaient négatifs.

Un beau jour, alors qu'il s'apprêtait à recommencer, son épouse, fort en colère se refusa à lui et se mit à gueuler alors qu'elle n'avait pas mis son dentier :

-          Cha va durer encore longtemps, echpèche de vieux cochon ? Tu chais bien que je suis ménopausée depuis des années ! Comment veux-tu que je fache encore des enfants ? Non, mais, regarde toi : tu es vieux, flétri, ta queue est toute ridée, et moi, j'ai les cheins comme deux gants de toilette ! Chi t'as envie de baiser, tape-toi la servante et fous-moi la paix ! Et tire donc tes chales pattes de là !

Ni une ni deux : le regard torve et lubrique du vieux bonhomme se tourna vers la jeune femme bien en chair que venait de lui désigner sa femme. Paniquée, la pauvre fille, qui ne tenait pas à ajouter un vieillard sénile à son tableau de chasse, voulut se réfugier dans la cave. Mais, têtu comme une mule, rusé comme un renard, vif comme une anguille, chargé de sa dose de Viagra, le satyre la coinça entre le mur et l'évier, et, sans plus attendre, déversa sa semence dans le réceptacle de la gueuse.

Il ne fallut que quelques jours pour que le test se révèle positif ! Neuf mois plus tard, une paix relative retrouvée dans la maison, elle donna jour à un petit garçon, tout aussi ridé dans ses premiers instants que l'auteur de ses jours l'était dans ses derniers.

Tout aurait pu se terminer ainsi. Mais, brusquement, au bout de quelques mois, l'envie reprit le vieux bonhomme. Pas question de se taper deux fois la servante : c'est sa femme qui allait prendre cher une fois de plus ! Résignée, elle se laissa faire et… le miracle s'accomplit : elle fut enceinte à son tour et lui donna un garçon, tout aussi ridé que lui au bout du temps réglementaire. Enfin, il avait une descendance ! Plus besoin de la servante qu'il vira sans lui verser son indemnité de licenciement, ni payer son solde de congés payés. La pauvre n'eut droit, en guise d'adieu, qu'à un grand coup de pied au cul.

Le vieillard s'appelait Abraham, sa femme Sarah, le fils de la servante Ismaël, et le sien Isaac. Et c'est à cause de cette histoire absurde, sans tête, mais avec tout de même une queue (!) que depuis, Juifs et Arabes se tapent sur la gueule, au risque de faire péter la planète… Rien n'est bien qui ne finit pas bien dans ce monde !

Quant à Allah, Dieu et Yahvé (par ordre laphabétique), ils n'en finissent pas de se marrer.