Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Une autre économie ?

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Cela est en train de devenir une évidence pour beaucoup, ça l'est déjà pour quelques-uns : notre système économique est fini. On aura beau mettre des rustines ici ou là, soutenir les monnaies défaillantes avec les banques centrales, financer les "dettes" des pays, rien ne pourra sauver à terme le système capitaliste tel qu'il est aujourd'hui.

La spéculation outrancière de ces crétins de traders (pour ne pas être vulgaire : j'avais pensé à enc…, mais il paraît que ce n'est pas poli), feront tout pour empêcher la moindre justice financière dans le monde. Qu'importe qu'on détruise une forêt, qu'on affame des milliards d'individus, le plaisir de ces parasites est de faire du fric, toujours plus de fric. C'est la nature humaine, hélas ; basée sur l'instinct de survie des chasseurs-cueilleurs que nous sommes toujours malgré nos soi-disant avancées. Aujourd'hui, les pires prédateurs de la planète se créent un masque humaniste, tel Danone en finançant des projets humanitaires au Bengladesh (Grameen Bank), alors que son PGG gagne toujours 500 fois le smic. La pensée de mai 68 a été récupérée par les communicants, genre Séguela, ou tant d'autres. Voilà que la nature est récupérée par les pires pollueurs, comme si on disait que les pesticides protègent l'environnement…Quant aux banques, qu'elles soient populaires ou agricoles, elles ne font rien d'autre qu'entrer dans le système. Témoin l'affaire Natixis… Dans les pays "émergents", Chine ou Inde, c'est pareil : on pourrait penser que, tirée vers le haut, leur croissance à deux chiffres profite à tous. Non : le peuple chinois n'a jamais été aussi pauvre. Les inégalités n'ont jamais été aussi profondes, tandis que de nouveaux milliardaires à l'appétit morbide se gavent de luxe et d'abondance.

Lu dans Charlie Hebdo du 29 juin 2011 : "réponse de Sacha Guitry : merci Louis XIV d'avoir ruiné la France et construit Versailles. Versailles ne vaut-il pas l'incroyable misère des Français qui en arrivaient à se bouffer entre eux lors des grandes famines ? On pourrait rajouter merci Ramsès II, merci les Ming et la muraille de Chine, etc…"

Comment accepter de vivre ainsi lorsqu'on sait que l'autre meurt de faim ? La réponse est américaine : "struggle for life". Le principe de la sélection naturelle : les moins armés pour survivre disparaissent et cela améliore l'espèce. Du Darwin tout craché. Alors, selon ce principe, on fait nos besoins dans de l'eau potable dont près de deux milliards d'humains sont privés, on jette en France chaque année 6 millions 200 000 tonnes de nourriture, quand des millions tendent la main pour manger ne serait-ce qu'un bol de riz, on ferme nos frontières, alors que des millions frappent à nos portes, et lorsque tout ça va trop loin, on organise une "bonne" guerre histoire de montrer qui est le patron, non mais ! Bien entendu, tout cela sous couvert de "démocratie" et d'amour de l'humanité. En oubliant que les dictateurs qu'on veut voir chuter ont bien souvent été mis en place pour de sordides raisons financières…

Les temps qui s'annoncent seront sans doute très durs pour l'immense majorité, car l'humanité n'est pas prête pour autre chose : depuis des centaines d'années, et surtout depuis l'ère industrielle, l'égoïsme, l'individualisme, l'esprit de possession, ont été érigés en dogme, en mode de vie.

Il serait pourtant facile de vivre autrement, sans forcément perdre en confort et en bien-être. Il suffirait d'éradiquer les frontières, produire raisonnablement, partager les richesses de la planète entre nous, mais aussi avec toutes les formes de vie, et cesser de donner une valeur pécuniaire à tout. Chacun, participant à la vie de la communauté selon ses capacités et ses envies, pourrait bénéficier des mêmes avantages, du même confort, du même respect de la part des autres… Mais bon, c'est pas demain la veille !