Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

DSK

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

"On nous cache tout, on nous dit rien

Plus on apprend, plus on ne sait rien" chantait Jacques Dutronc.

Et pourtant, l'info est omniprésente dans notre quotidien.

Jamais auparavant, n'avons-nous été autant submergés par le flot incessant de nouvelles. Et pourtant… Plus le temps passe, et plus les infos sont sources de questionnements.

Prenons un exemple récent : l'arrestation de DSK, la une qui remplit les ¾ des JT. Et qu'y apprend-t-on ? Rien, ou presque, sinon qu'une femme de chambre inconnue (pas de nom, pas d'images) aurait été victime de viol de la part du patron du FMI. Histoire d'autant plus crédible que la réputation de "queutard" de l'agresseur n'est – semble-t-il – plus à faire.

Et pourtant… que de questions sans réponses ! En voici quelques-unes, suivies d'hypothèses sur les possibles scénarii de cette aventure :

-          On sait que DSK devait retourner en Europe ce lundi pour rencontrer en privé Angela Merkel. Pourquoi ? Parce que l'Allemagne manifeste des velléités de se retirer de l'Europe ?

-          Quelle est l'heure exacte des faits ? A priori, cela s'est passé en soirée. Dans ce cas, que venait faire une femme de chambre dans sa suite ? On ne fait pas le ménage en soirée dans les hôtels. Et d'ailleurs, à quelle heure DSK est-il arrivé au Sofitel ? Y a-t-il pris un repas ? Comment est-il venu (taxi, voiture officielle, voiture privée) ?

-          Où sont ses gardes du corps dans l'affaire ? On imagine mal le personnage le plus puissant de la planète se passer de tout service d'ordre, même s'il s'agissait pour lui de passer une soirée "coquine"…

-          Qui est la fameuse femme de chambre ? Son parcours professionnel ? Ses horaires de travail dans l'hôtel (à priori, elle n'avait pas d'horaires fixes, d'après le JT de F2) ?

-          De combien de téléphones portables dispose DSK ? Un personnage de son importance a forcément plusieurs numéros d'appel (FMI, privé, etc…)

-          Que contient le portable "oublié" retrouvé dans sa suite ?

-          A-t-il payé sa note ou signé un compte avant sa "fuite" présumée ?

-          Avait-il réservé son billet d'avion retour (ce qui invaliderait totalement l'hypothèse d'une fuite).

-          Comment était la femme de chambre après les faits supposés ? État de ses vêtements, de sa coiffure, état émotionnel, etc…

Voilà quelques questions auxquelles tout journaliste compétent devrait pouvoir répondre, ce me semble. Mais; là-dessus, silence radio.

À partir de là, des hypothèses se dessinent :

Hypothèse 1. Tout est vrai : DSK a bien tenté de violer une femme de chambre, incapable de résister au désir. Dans ce cas, il convient de répondre à toutes les questions ci-dessus, faute de quoi l'hypothèse est invalide.

Hypothèse 2. DSK se rend au Sofitel où il a ses habitudes, notamment celle de passer la soirée avec une call-girl. La femme de chambre se présente (peut-être, en l'absence de toute information, était-ce la call-girl elle-même). Il s'agirait donc d'un piège destiné à "assassiner" médiatiquement le patron du FMI. Mais, dans ce cas, que deviennent les gardes du corps ? On peut aisément imaginer qu'ils sortent, ou qu'ils restent dans une pièce attenante. Répondre à cette question est absolument crucial, car on ne peut imaginer que des professionnels laissent l'un des hommes les plus influents du monde seul avec une inconnue, à moins d'être eux-mêmes des agents infiltrés. Toujours dans cette hypothèse, il faut aussi répondre aux questions ci-dessus, et notamment concernant son départ, la note, le billet d'avion réservé ou non, etc…

Hypothèse 3. DSK se sait menacé, car en possession d'une information cruciale (on verra cela plus loin). Il met donc au point un plan in extremis qui va conduire à son arrestation et donc à sa protection d'office. Cette hypothèse est compatible avec toutes les questions ci-dessus, y compris le portable "oublié", sans doute un smartphone, contenant des données, voire un enregistrement de ce qui s'est vraiment déroulé dans la suite. Il est évident que s'il est "lavé" de tout soupçon dans les jours qui viennent, ce sera la bonne hypothèse.

La menace. Il est évident que, quelle que soit l'hypothèse, cette histoire est strictement américaine. En France, on chercherait plutôt à faire tomber quelqu'un sur la base de scandales financiers, genre Clearstream, ou plus prosaïquement, faire tomber la personne dans une mare de 20 centimètres de profondeur pour simuler un "suicide"… Il est donc probable, vu la situation et vu la position de DSK, que, si menace il y a, c'est d'ordre financier. En rapport avec le rendez-vous "privé" avec Angela Merkel prévu ce lundi 16 mai ? On sait que l'Allemagne en a assez de payer les "pots cassés" pour les autres pays de l'Union Européenne (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne, les fameux "P.I.G.S" des milieux financiers). Curieusement, c'est aussi le deuxième "tsunami" médiatique en moins de quelques jours, après la mort de Ben Laden.

Il ne s'agit pas de faire du conspirationnisme systématique, mais il faut quand même avouer qu'on est en droit de se poser quelques questions sur cette affaire… Et puis, cela ferait la base d'un bon thriller, non ?