"Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière."

Michel Audiard

Une élergie illimitée

Écrit par Paul Renard. Publié dans Science

Quand j'étais gamin (cela ne va pas nous rajeunir !), j'avais imaginé un montage dans lequel un moteur électrique entraînait une dynamo, qui elle-même fournissait l'énergie nécessaire au moteur électrique. Le mouvement perpétuel. C'est sans surprise que, lorsque j'en parlais, on me répondait invariablement :

 

- Absurde ! C'est en contradiction totale avec les lois de la physique !

- Oui mais, si on améliorait par exemple le rendement ? Avec des aimants plus puissant, en réduisant les frictions, par exemple ?

- Absurde ! Tout se transforme, rien ne se crée.

À cette époque, je ne pensais même pas créer de l'énergie surunitaire avec ce montage ! Simplement tenter l'expérience.

Des années plus tard, en me procurant le numéro 100 de l'excellente revue Nexus, quelle ne fut dont pas ma surprise en découvrant l'invention d'une entreprise allemande tout ce qu'il y a de plus sérieuse, Rosch Innovations, qui a consacré 5 années de recherches dans le plus grand secret pour créer KPP (pour Kinetisches Power Plant), un générateur électrique... surunitaire !

Jusqu'à présent, des tas de projets auraient vu le jour, du réacteur à fusion froide au moteur Bedini, mais, soit ces projets n'ont pas abouti, soit ils ont été prestement enterrés au fond d'un tiroir, et aucun n'a, en tous cas, révélé le moindre secret de fonctionnement. Et puis, il est évident que les acteurs actuels du marché de l'énergie mondiale n'ont aucun intérêt à perdre un marché colossal de 200 000 milliards d'€ par an !

Mais les journalistes présents à Cologne le mardi 4août 2015 ont bien été forcés de se rendre à l'évidence, suite à la démonstration transparente de Rosch Innovations. Et "transparente" est bien le mot qui convient, puisque, outre le "gros" KPP de 10 mètres de haut, il leur fut présenté un modèle plus petit entièrement transparent, permettant de voir le mécanisme fonctionner.

KPP demo

KPP de démonstration

Fort intelligemment, Rosch Innovations ne parle pas de "mouvement perpétuel", mais de la simple application du principe d'Archimède.

Voici l'explication telle que nous la décrit Nexus : "la colonne pleine d'eau se voit insuffler de l'air en sa base par un compresseur à 1 bar de pressions, qui alimente des flotteurs fixés l'un derrière l'autre sur une chaîne qui les guide dans leur remontée, les flotteurs tenant lieu d'aubes. Se retournant autour de l'axe supérieur, ils s'emplissent d'eau et entament leur descente jusqu'à un axe inférieur autour duquel un système astucieux de becs rotatifs leur insuffle à nouveau l'air qui leur impulse à nouveau la force ascendante d'Archimède, fermant le cycle. À partir de l'axe supérieur, quatre renvois de chaînes et de pignons permettent de multiplier la vitesse de rotation et de mouvoir à 750 tours/minute le générateur alternateur qui alimente en électricité le compresseur, et produit une dizaine de kilowatts, disponibles pour l'utilisation que vous souhaitez."

MoteurRoschnoria

Shcéma du générateur Rosch (source : Nexus) et fonctionnemant de la chaîne de flotteurs (source Rosch Innovations)

La boucle est donc infinie et ne dépend donc plus que de l'usure des pièces, nécessitant une maintenance limitée.

grosKPPKPP de 11 kw/h

Bien entendu, les performances, tant du générateur que du compresseur d'air, ont été poussées aux maximum, notamment par l'utilisation d'aimants surpuissants dopés au néodyme. L'ensemble est contrôlé par une unité de gestion électronique, où n'apparaissent que quelques petites batteries destinées à alimenter le système durant les premières secondes de son lancement.

Lors de cette présentation, les journalistes, équipés de caméras HD et thermiques (pour détecter d'éventuelles liaisons électriques dissimulées), n'ont rien remarqué d'anormal : tant pour le "petit" KPP, simplement posé sur une palette, que pour le gros rivé au sol, aucune liaison extérieure n'a été détectée. La machine est donc restée parfaitement autonome.

Quelques secondes après la mise en route du système, le gros compresseur s'est déclenché, avec son bruit caractéristique, identique à celui que vous entendez chez votre garagiste, et les journalistes pouvaient voir le mouvement des flotteurs au travers d'un hublot ménagé en bas de la colonne. En haut de la colonne, à l'aide d'une nacelle, ils ont pu observer également le mouvement, et constater qu'aucun câble ne descendait du plafond. Enfin, à l'aide de leur caméra thermique à infrarouge, sensible au 1/10° de degré Celsius, rien n'a non plus été décelé (moteur ou batterie par exemple).

Durant la démonstration, trois lampes halogènes et trois radiateurs soufflants étaient branchés sur le circuit, freinant ainsi le générateur, équipements qui totalisaient une consommation de 6,5 kw/h, en surcroît de celle du compresseur, de 4,5 kw/h.

Il a donc été constaté une puissance totale de sortie de 11 kw/h pour une consommation du compresseur de 4,5 kw/h.

On peut donc parler ici d'une invention réellement révolutionnaire dont on voit immédiatement les enjeux, face à la crise énergétique et climatique qui se profile à l'horizon proche.

J'ai bien sûr ici résumé l'article de Nexus et je vous conseille fortement de vous procurer ce numéro 100, dont le sommaire est, par ailleurs, tout à fait passionnant.

Les prochains numéros de Nexus reviendront sur ce générateur, avec notamment les modules de 1 et 5 mégawatts de le constructeur est en passe de finaliser.