Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

La crise : quelle(s) solution(s) ?

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

La crise : quelle(s) solution(s) ?

 

Récession, dette publique, baisse du pouvoir d'achat : on le sait, c'est la crise. Elle ne date pas d'hier et visiblement, rien d'efficace n'a vraiment été entrepris depuis 2008. Sinon, ça se saurait ! Les gouvernements, dont le nôtre en tête de liste, se sont contentés d'appliquer des rustines sur une chambre à air qui fuit de partout.

D'accord, c'est facile de dire ça, je vous le concède. Mais alors, y a-t-il une ou des solutions ?

En fait, il en existe deux principales :

 

La première, c'est le plan de rigueur. Solution que préconisent le FMI et bon nombre d'économistes de tout poil. La "rigueur" consiste à augmenter la pression fiscale, directe et indirecte, réduire les prestations sociales et privatiser le secteur public autant que faire se peut. En bref, et cela paraît tout à fait crédible : augmenter les recettes et diminuer les dépenses.

Le problème, c'est que cette rigueur a forcément un effet pervers, surtout quand la crise dure longtemps. La pression fiscale diminue le pouvoir d'achat, et l'abandon des services publics oblige les particuliers à dépenser plus et se tourner vers le privé. Analyse :

L'impôt direct, s'il est relativement juste puisque fonction du revenu, n'est en général pas trop touché, car les promesses électorales font barrière. C'est donc vers l'impôt indirect que l'on se tourne, en augmentant les taxes sur un tas de produits, comme récemment les sodas (!). Le problème, c'est qu'il s'agit d'un impôt injuste, car, riche ou pauvre, chacun paye la même chose. On crée donc forcément de la pauvreté ! Ce qui conduit à maintenir la consommation des ménages par le crédit. En France, le taux de surendettement n'a ainsi jamais été si élevé.

La réduction des prestations sociales conduit les ménages à se tourner vers le privé : mutuelles, fonds de pension, assurance vie, capital retraite, etc. Et là encore, on crée de la pauvreté, puisque seuls les plus aisés ont les moyens de bien se couvrir, tant au niveau de la santé que de la vie en général.

Vous l'avez compris, la rigueur entraîne forcément une baisse du pouvoir d'achat, et donc… des recettes fiscales ! Les gens achètent moins, ils payent donc moins de taxes, et par conséquent, ce qui est gagné d'un côté est perdu de l'autre.

Mais pire encore : si les gens consomment moins, les entreprises se retrouvent elles aussi rapidement dans des situations délicates. Le coût de production augmente, la rentabilité diminue et… l'entreprise délocalise dans un pays où la main d'œuvre est moins chère. Résultat : le chômage monte en flèche et là encore les caisses de l'État se vident !

Il suffit de voir l'exemple lamentable de la Grèce pour comprendre ce qui arrive…

Alors, que faire ?

Deuxième solution : tout miser sur la consommation en donnant du pouvoir d'achat aux ménages.

Baisse de la pression fiscale, augmentation des salaires, retour des services publics, etc.

Solution risquée s'il en est puisque, si ça ne fonctionne pas, on se retrouve avec une dette accrue !

C'est pourtant la voie qu'on déjà choisi plusieurs pays, comme le Brésil ou l'Argentine, qui sont parvenus à sortir de leur marasme tant bien que mal.

Par exemple, à partir des années 2000, Kirchner, le président Argentin, a entamé cette voie qu'il qualifiait de "purgatoire". Il a bloqué le remboursement de certaines dettes, nationalisé, dévalué la monnaie, etc. et visiblement aujourd'hui le résultat est là, même si le pays connaît encore une grande pauvreté. Néanmoins, la dévaluation a permis d'exporter plus, car les produits redevenaient compétitifs, les caisses ont commencé à se remplir, la consommation intérieure est repartie.

Mais là encore, des effets pervers apparaissent. Pour reprendre l'exemple de l'Argentine, s'il est vrai que le pays est l'un des premiers exportateurs en matière agro-alimentaire (soja notamment), c'est aussi devenu le paradis des OGM ! Car pour parvenir à ces résultats en moins de 10 ans, il a bien fallu faire fi de toute éthique alimentaire ou industrielle. C'est d'ailleurs le cas de tous les pays dont la croissance est forte.

Bien évidemment, entre les deux solutions, on peut envisager toutes les mesures intermédiaires : fiscalité plus juste, aides à l'emploi ou aux entreprises(moyennant un coût certain), etc. Mais, au final, le résultat n'est guère différent.

Alors ? Que faire ?

Si la "rigueur" ne fonctionne pas et si l'inverse non plus, ne faut-il pas se poser la question de la véritable source du mal ? C'est-à-dire, le système économique lui-même, qui possède de façon innée toutes les dérives que l'on connaît !

Car le système capitaliste, tout comme le système communiste d'ailleurs, est fondé sur l'avidité et la cupidité des Hommes. Rappelons-nous que le but de ces deux schémas est le même : "l'abondance de biens pour tous". Admettons. Mais il n'empêche que dans les deux cas, ces systèmes portent en eux le ver qui les ronge. Avec la chute de l'URSS, le communisme a pratiquement disparu. Le capitalisme l'a vaincu lors de la chute du mur de Berlin. Rongé de l'intérieur, il est alors devenu de plus en plus sauvage, violent, inhumain. L'Homme s'approprie les richesses d'une planète dont il n'est que locataire.

Il faut, une fois pour toutes, se mettre dans la tête que la croissance n'est qu'une illusion. Le développement durable aussi. Car les richesses de la planète sont finies. Lorsqu'on aura tout épuisé, il ne restera plus rien. Que restera-t-il alors de cette sacro-sainte croissance ? Rien, tout simplement.

J'ai ici envie de citer Geronimo : "lorsque le dernier arbre sera abattu, quand la dernière rivière sera empoisonnée, quand le dernier poisson sera pêché, on s'apercevra alors que l'argent ne se mange pas".

En fait, il n'existe pas de solution à la crise : la seule chose à faire est d'imaginer une autre façon de jouir de ce monde qui nous aime tant, qui nous abrite, nous protège. Il faut donner un autre sens à la vie, cesser de se diviser pour des questions religieuses, politiques ou ethniques. Il n'y a pas de races, il y a une espèce, nous en l'occurrence, en danger de disparition si nous continuons ces dérives.

Usons, sans abuser, des bienfaits de cette Terre, partageons-les non seulement entre nous, mais aussi avec toutes les formes de vie. Il ne s'agit plus de dompter la nature, mais de l'accepter, de conquérir de nouveaux territoires ("la conquête de l'espace", quelle suffisance !), mais de les respecter, il ne s'agit plus d'exploiter, mais de remercier. Cessons de bâtir, construire, en détruisant tout, d'échafauder des plans sur là comète : vivons en harmonie. Est-ce donc si compliqué ?