Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

H5N1 : la science en folie !

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

H5N1

 

Tout le monde se souvient de la "terrible" grippe aviaire (H5N1) qui devait éradiquer l'humanité...

Fort heureusement, ce virus extrêmement létal (1 cas mortel sur deux) ne s'est pas transmis à l'homme, ou très peu. On compte 565 victimes dans le monde, dont 331 décès.

C'était sans compter sur l'imagination débordante des labos : voici in extenso l'article paru dans 20minutes.fr du 2 décembre 2011 :

"Vous vous souvenez de la grippe aviaire H5N1 qui devait exterminer la moitié de la planète ? Et bien, Ron Fouchier, un scientifique néerlandais, a fabriqué en labo une variante de ce virus capable de se répandre et d'exterminer des millions de personnes. Il est tellement terrifiant que pour le président du National Science Advisory Board for Biosecurity (NSABB), l'anthrax à côté, c'est de la gnognotte.

Le problème (est-ce vraiment un problème ?) avec le virus A(H5N1) c'est qu'il se transmet assez mal d'homme à homme. Par contre, il est assez efficace pour tuer 1 personne sur 2 qu'il contamine. Ainsi Ron Fouchier a tenté de créer un virus tout aussi mortel que le H5N1 mais beaucoup plus contagieux. Pour cela, il a effectué 2 mutations sur des gènes pour l'adapter aux mammifères. En infectant des furets, il est arrivé à obtenir une nouvelle souche virale hyper contagieuse. Entre 2 cris de joie, il a pu constater que sa souche virale pouvait tuer autant que le virus A(H5N1) et se propager dans des gouttelettes en suspension dans l'air. Les furets s'infectaient les uns les autres en étant dans des cages différentes.

Ron Fouchier n'est pas fou. Il essaie juste de préparer le monde scientifique à mieux se défendre si le virus de la grippe aviaire mute dans les prochaines années. Ses travaux permettront de développer un vaccin très rapidement et de sauver des millions de vies.

D'un autre côté, en publiant ses recherches, il donne les clés aux terroristes de tous poils pour fabriquer un méchant virus ou une arme biologique. Autre danger plus probable, d'autres labos pourraient travailler sur ce nouveau virus et cela augmenterait grandement les risques de le voir s'échapper dans la nature".

Le Quotidien du Médecin y a également consacré sa "une" cette semaine. On peut comprendre l'intérêt de toute recherche fondamentale... Sachant également qu'en cas de nouvelle alerte, les labos ne manqueraient pas de mettre sur le marché le vaccin "miracle" censé sauver des millions de personnes - enfin, celles qui auront les moyens de payer ledit vaccin - et engranger ainsi des milliards d'euros de bénéfices. Surtout si nous sommes protégés par une Ministre de la Santé compétente qui ne manquerait pas d'en acheter 94 millions de doses (rires). Mais - et l'article pointe parfaitement sur les dangers d'une telle recherche - le risque induit n'est-il pas bien supérieur à l'intérêt même de la recherche ? Quel est le niveau de sécurité de cette recherche ? N'est-ce pas jouer là, une fois de plus, à l'apprenti sorcier ?

La grippe aviaire s'est développée principalement à cause de la promiscuité des animaux concernés. Pour parler clair, la vraie cause de cette épidémie fut tout simplement l'élevage intensif et industriel qui, non content de produire des volailles de piètre qualité, dans des conditions scandaleuses pour le respect de la vie de ces animaux, engendre systématiquement la prolifération de tels virus. Toutes les crises virales de ces dernières décennies sont le produit de ces politiques d'élevage. Souvenons-nous de "la vache folle", dont les causes étaient exactement identiques, et ont entraîné des conséquences sanitaires et économiques insensées. N'est-il pas enfin temps de cesser ces pratiques en produisant sain ? A quoi sert-il de créer sans cesses de nouveaux vaccins, alors qu'il serait si simple d'éradiquer la cause initiale de ces désordres ? De petits élevages, nourrissant la population locale, avec des produits de qualité, certes peut-être plus chers, mais consommés raisonnablement. Mais là, bien entendu, je rêve, je suis un utopiste complètement azimuté, un partisan de la décroissance économique ! Eh bien oui : je le revendique, car la vraie utopie est de continuer à vivre tel que nous le faisons aujourd'hui en imaginant que la "croissance" économique peut se prolonger à l'infini. Comme le disait Géronimo, et je le cite une fois de plus : "quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière sera empoisonnée, quand le dernier poisson sera pêché, on s'apercevra que l'argent ne se mange pas".