Déportation d'homosexuels
Face aux propos outranciers du tristement célèbre Vanneste sur "la légende de la déportation d'homosexuels en France", il est encore des voix pour clamer haut et fort qu'il a raison. Comme quoi, la connerie semble contagieuse...
Il existe très peu d'études précises concernant ce fait historique, et ceci pour plusieurs raisons :
- la première tient au fait que certains l'ont été sous prétexte de "droit commun",
- la seconde que certains l'ont été par rapport à d'autres critères, comme par exemple leur appartenance à la communauté Juive,
- la troisième, tout simplement parce que pour beaucoup, le retour à la liberté s'est accompagné d'une autocensure justifiée par la législation hostile restée en vigueur jusqu'en 1982 en France : la loi considérait l'homosexualité comme un fléau national, les homos étant en tout état de cause des malades mentaux qu'on pouvait soigner par des traitements médicaux (ce qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler les théories nazies). De fait, le seul déporté homosexuel Français qui en ait parlé est Pierre Seel, qui fut interné au camp de Schimmeck en Alsace.
- La quatrième étant que, durant des décennies, on a fait plus ou moins abstraction de toutes les communautés non Juives qui avaient, elles aussi, subi les horreurs de la déportation : tsiganes, roms, polonais, francs-maçons, etc.
Il existe néanmoins une étude assez précise, sans doute non exhaustive (pour les raisons précitées), de cas avérés d'homosexuels français déportés en raison de leurs préférence sexuelle : La déportation pour motif d’homosexualité en France. Débats d’histoire et enjeux de mémoire (Dijon, Mémoire active, 2011). Cliquez ici pour accéder à la plaquette.
Selon cette étude, menée par Mickaël Bertrand, et selon les chiffres disponibles, 10 000 personnes homosexuelles ont été envoyées dans les camps nazis et 6 000 y seraient mortes. Parmi lesquelles, en fonction des chiffres que l'on peut retrouver aujourd'hui 62 Français, dont 22 dans la zone annexée (Alsace Moselle), 33 dans l'Altreich et 7 en zone française occupée. 13 trouveront la mort en déportation.
Continuons : à quelques kilomètres de Strasbourg, dans le camp de Natzweiler, sur les 52 000 détenus, on trouve 215 détenus "175" (la loi allemande qui condamnait "les actes contre nature entre hommes".
Le sort de ces hommes et de ces femmes allait de l'humiliation (travaux pénibles, insultes, etc.), y compris de la part d'autres détenus, jusqu'à des expériences "médicales" (injection d'hormones, implants de glandes artificielles, castration,…) menées par les "savants" nazis.
Avec ces cas irréfutables, la déportation d'homosexuels Français est une réalité qui ne peut être contestée.
N'en déplaise à Christian Vanneste, ce triste sire, député de la 10° circonscription du Nord… qui ferait bien de se rappeler qu'une loi récente condamne fermement la négation des crimes contre l'humanité. Mais peut-être considère-t-il que les homos ne sont pas des êtres humains.
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