UMP : l'explosion ?
Au soir du 6 mai dernier, l'acronyme UMP a changé de signification : on est passé – selon l'opinion de certains – de "Usage Massif du Pouvoir" à "Une Mauvaise Passe".
Que va-t-il en effet rester désormais de cette "droite plurielle" tenue à bout de bras par le Président sortant ? Car l'UMP, c'est avant tout l'union de plusieurs courants de droite, qui, bon an mal an, ont cohabité – souvent avec difficulté – durant ces dernières années. En bon stratège qu'il est, Sarkozy a réussi à réunir autour de sa personne des conceptions parfois profondément incompatibles. Des chiraquiens aux dents longues (Baroin, Wauquiez), des gaullistes sociaux, des "centres-droites", des "droites dures", bref un amalgame de courants dont le seul point commun était… Sarkozy ! Aujourd'hui, et après le score(*) du FN relooké tendance mégretiste, combien vont en rejoindre les rangs ? En lui-même le lapsus de Claude Guéant la semaine dernière est révélateur (il a déclaré lors d'un discours, avant de se reprendre : "nous, au Front National…"). On y imagine également le fidèle Hortefeux, ou l'imprévisible Besson ; sans compter nombre de députés. Que vont faire les gens du centre, menés par le charismatique Borloo ? Les chiraquiens déçus que pourrait bien, dans un sursaut, emmener De Villepin ? Restent les fidèles parmi les fidèles, tels Xavier Bertrand, Nadine Morano et consorts, qui pourraient bien constituer le dernier bastion du sarkozysme.
D'ailleurs, la campagne n'a pas épargné le "candidat président" : on se souviendra du soutien plutôt mitigé de Chantal Jouanneau, du ralliement bien tardif de Rachida Dati, Rama Yade, ou encore Jean-Louis Borloo. Sans compter les défections pures et simples en faveur de François Hollande.
Dès aujourd'hui, et selon des révélations du Point, Sarkozy pourrait revenir en 2017, en dernier recours. Mais qui souhaiterait alors le soutenir ? Tout en faisant des déçus dans son camp en pratiquant l'ouverture à gauche et au centre, il a aussi plus ou moins régné sur ses troupes en véritable roi, donnant souvent l'impression désagréable à ses fidèles de n'être que la cinquième roue du carrosse. Et toujours selon le Point : "Cela fait quinze jours que Copé et Fillon ont une trouille bleue qu'il veuille revenir", confiait un ministre début mai."
Si l'on doit retenir une leçon de cette (interminable) campagne, c'est bien la fragilité de cette "union" qui va encore, tant bien que mal, devoir tenir quelques semaines jusqu'aux législatives.
(*) : le score du FN est toutefois à relativiser. Si l'on estime que la totalité des 2 millions de bulletins blancs correspond aux électeurs FN du premier tour – ce qui est sans doute loin d'être le cas –, celui-ci représenterait réellement moins de 5 % de l'électorat.