J-1 : sauve qui peut !

À quelques heures de la fin annoncée du monde, tous les médias sont mobilisés pour nous faire sombrer dans la plus profonde débilité. Pas une chaîne de télévision n'échappe à la règle, surtout celles de la TNT, dont le moins que l'on puisse en dire est qu'elles ne brillent pas par leur programmation. Seules les chaînes du service public semblent échapper à la règle en élevant quelque peu le débat.

 

Ainsi, hier soir, France Ô a diffusé un très intéressant documentaire sur les "Survivalistes". C'est-à-dire, ceux qui se préparent au pire depuis des années. On les trouve principalement aux USA, et plus précisément en Utah. Il s'agit pour la plupart d'entre eux de mormons fondamentalistes, persuadés que, faisant partie des "justes", ils seront sauvés tandis que les autres finiront dans les flammes de l'enfer (!). Alors, ils construisent des bunkers de survie ultra équipés, tout confort ou presque afin de pouvoir attendre que les anges de l'apocalypse aient fini de nettoyer la planète des "non justes" et de pouvoir en jouir ensuite durant les mille ans que leur accordera le sauveur du monde.

Mais bien entendu, pas question de partager (hormis entre "justes"). Aussi, ils sont armés jusqu'aux dents, prêts à tirer à vue sur tout ce qui bouge. C'est vrai que de toutes les manières, les autres sont destinés à périr dans les pires souffrances et que, dans un sens, une bonne rafale les soulagera de leurs douleurs. Finalement, tuer devient un acte charitable !

Il convient donc, entre deux prières, de s'entraîner à tuer avec efficacité et précision dès le plus jeune âge. Et pour cela, tuer devient un jeu : on voit ainsi dans le documentaire un petit garçon tout fier parce qu'il vient d'éclater une poupée Barbie avec une arme automatique.

Et comme les affaires sont les affaires (après tout, on ne sait jamais : après la fin du monde, autant être riche pour acheter sa place au paradis), l'un d'entre eux construit ces fameux bunkers depuis près de 40 ans, vendus 40 000 $ (environ 30 000 €), et se félicite même des "événements" lorsque, par exemple, au plus fort de la Guerre Froide, ses bunkers se vendaient comme des petits pains, ou pire, après les attentats du 11 septembre, lorsqu'il a vu ses ventes exploser… Business is business. On voit aussi une femme en tournée de conférences qui, dans un funérarium (!), après avoir remué tous les mythes sur cette affaire (calendrier maya, éruption solaire, astéroïde géant, alignement des planètes, etc.), propose aux auditeurs de rejoindre sa communauté de survie… moyennant finances bien évidemment !

En France, ce n'est guère mieux : il suffit de se rendre à Bugarach pour s'en convaincre. Là, les documentaires sont l'apanage des chaînes catastrophistes. On voit ainsi des "gourous" clamer à qui veut les entendre que les extraterrestres sont déjà parmi nous, que les gouvernements du monde sont déjà infiltrés (l'un d'entre eux prétend même que Pompidou était un reptilien !). On se demande d'ailleurs pourquoi, dans ses conditions, ils se réfugient tous à Bugarach, dont la montagne est censée abriter une base secrète extraterrestre…

Bref, la fin du monde, c'est pour demain vendredi 21 décembre 2012. Auparavant, nous avions déjà eu une bonne quinzaine d'alertes. Citons rapidement celle de 396, avec le retour de l'Antéchrist par Hilaire, évêque de Poitiers, le 20 février 1524, avec un alignement de planètes, entre 1843 et 1844, avec un mouvement religieux millénariste qui devait devenir ensuite le mouvement adventiste (adventistes du 7° jour), le 18 mai 1910, lorsque Camille Flammarion était persuadé que la comète de Haley allait nous tomber dessus, 1914, 1915, 1918, 1920, 1925, 1941, 1975, 1994,… suite aux prédictions de Charles Taze Russel, le père des témoins de jéhovah, mais aussi en 1919, toujours suite à un alignement de planètes, en 1979, par le gourou Roch "Moïse" Thériault, en 1980 par Georges Roux, fondateur de l'église chrétienne universelle, en 1988, cette fois ci par des évangélistes, le 17 décembre 1996, où pas moins de 15 millions de vaisseaux extraterrestres devaient envahir la Terre, le 18 août 1999, en 2000, en 2003 (secte Aum), en 2006 et, dernière en date, le 10 septembre 2008, jour de l'inauguration du LHC, l'accélérateur de particules du CERN, qui allait provoquer un trou noir. (source : Science et Vie, hors série de décembre)

La peur n'est donc pas une nouveauté, mais il est vrai que la période de crise que nous vivons est propice à tous les fantasmes, y compris les plus délirants. Car il est vrai que, sur Terre, nous ne sommes à l'abri de rien : faille de San Andrea, super volcan, éruption solaire, astéroïde,… tout cela peut nous tomber dessus dans 1 an, 10 ans, 1 million d'années… ou demain ! Mais, avant de se préoccuper de ces phénomènes inéluctables (un jour ou l'autre, cela se produira), il serait plus judicieux de nous pencher sur la principale cause de notre possible extinction : NOUS. Cesser de croire que cette planète et tout ce qu'elle contient est notre propriété, cesser de croire que nos ressources planétaires sont infinies, cesser de se dire "qu'on trouvera bien une solution lorsque…", et enfin se mettre tous au travail pour permettre à la planète de respirer un peu ! Malgré tous les congrès sur le climat, depuis des années, aucune avancée significative n'a eu lieu. Oh, certes, nous faisons de grands et beaux discours. Mais déjà, nous avons dépassé le seuil fatidique au-delà duquel le changement climatique est irréversible (2° C selon les experts à Kyoto en 1990). Il n'est plus temps de dire : "il va falloir que, dans les x années, nous réduisions nos émissions de gaz à effet de serre", mais bien plutôt : "il faut les réduire tout de suite" ! D'autant que l'élévation de la température moyenne de la planète va provoquer, entre autres, la fonte du pergélisol dans l'Arctique, pergélisol qui contient des milliers de tonnes de méthane (personne aujourd'hui n'est capable de chiffrer avec certitude), dont l'effet de serre est 20 fois plus élevé que le CO²… Face à cela, les "Grenelle de l'Environnement", les sommets mondiaux, l'hérésie du développement durable, ne sont que des fables destinées à endormir les enfants sages. Car nous allons continuer à brûler des énergies fossiles, construire des centrales nucléaires, et continuer notre train train de vie quotidienne comme si de rien n'était, et se donner bonne conscience en triant nos déchets et en recyclant nos ampoules. Des gouttes d'eau dans l'océan d'une gabegie qui dure depuis le début de l'ère industrielle. Nous allons continuer à changer nos portables tous les 6 mois en jetant les anciens à la poubelle (laquelle, au fait ?) – 90 % finissent ainsi, et se retrouvent dans les décharges, déversant leurs matériaux toxiques dans l'atmosphère –, continuer à jeter 40 kilos de nourriture à la poubelle par Français et par an (soit 2 millions 600 000 tonnes, auxquelles viennent s'ajouter les 860 000 tonnes déversées par les grandes surfaces…). Pendant ce temps-là, nous allons continuer à laisser la pauvreté et la malnutrition ravager des populations entières, alors qu'il ne faudrait que 100 milliards de $ pour régler le problème et que l'on continue à dépenser 1 400 milliards de $ par an dans l'armement. Mais bon, après nous le déluge, n'est-il pas vrai ?

Allez : joyeuse fin du monde à toutes et à tous !!