Goodwin Airport
Émise dans les années 60, l'idée d'un aéroport en mer a fait son chemin : le très sérieux cabinet Becket Rankine étudie la faisabilité de créer un nouvel aéroport sur un banc de sable au large des côtes du Kent. Coût de l'opération… 52 milliards d'€ ! Bref, après Incheon en Corée du Sud, Kansai au Japon et Hong Kong, voilà que le Royaume Uni s'apprête à engager un projet aussi idiot que pharaonique. Tout cela pour désengorger l'aéroport d'Heathrow et ses 69 millions de passagers annuels. Pharaonique, ça vous comprenez. Mais pourquoi idiot ?
C'est pourtant simple : à l'heure où l'on sait que les ressources en hydrocarbures vont venir à manquer dans les années à venir, que le transport aérien est le plus polluant qui soit, quel intérêt de continuer à créer de nouveaux sites pour encore augmenter le trafic ? Sans compter la construction de cet ensemble lui-même : combien de millions de tonnes de béton, d'agrégats, etc., dont la production est, elle aussi, particulièrement nuisible à l'environnement (1 m3 de béton produit 56 kilos de CO² - ce chiffre ne tenant pas compte de l'impact de la production du carburant fossile consommé pour le produire -).
Oh certes, cela va amener près de 300 000 emplois directs ou indirects, certes c'est un aéroport à 47 minutes de Calais par le tunnel sous la Manche, certes les marchés de fourniture de béton et de transport de béton bénéficieront à l'économie locale. Mais tout cela n'est que du court terme ! Car il faut bien s'enfoncer dans le crâne que le transport aérien, aujourd'hui bien souvent vendu à des prix ridicules, incitant les voyageurs à le préférer au train, pourtant bien plus écolo, bref, que le transport aérien, c'est fi-ni ! Dans quelques années, le prix du kérosène aura explosé et les transports aériens seront les premiers à disparaître. Car on ne fera jamais voler un avion ni à l'électricité, qu'elle soit nucléaire ou solaire (imaginez des avions alimentés par des éoliennes ou des réacteurs nucléaires !) ! Ne serait-il pas plus utile et raisonnable de consacrer ces 52 milliards d'€ dans la recherche d'autres moyens de transport, ou carrément repenser intégralement l'organisation à long terme de nos échanges de marchandises ou de personnes ? Et surtout comprendre que nous ne sommes pas propriétaires de cette planète. C'est l'inverse.