Du plutonium dans les cocottes !
Vous n'allez plus regarder votre autocuiseur de la même façon… Depuis des années, en France comme dans le monde, on transporte du plutonium et toutes sortes de saloperies hautement radioactives dans de simples cocottes-minute. La chose est passée plus ou moins inaperçue jusqu'à ce que le centre de recherches nucléaires de Valduc en Bourgogne ne décide de passer commande de 4000 autocuiseurs afin d'y stocker et de transporter du plutonium. Rappelons au passage que ce centre de recherches ultrasecret est protégé par le secret défense, et pour cause : c'est là que sont fabriquées les ogives de l'arsenal nucléaire français. 4000 cocottes de 17 litres, cela fait un volume total de 68000 litres. Et comme la masse volumique du plutonium avoisine les 20 (densité 19,84), cela va nous faire des tonnes de ce métal allotrope extrêmement sensible aux changements de température, de pression, ainsi qu'à toute pollution chimique.
Aucun danger, nous dirons les scientifiques : les cocottes-minute sont munies d'une soupape de sécurité ! Plus sérieusement, François Bugaut, directeur du CEA de Valduc y trouve tous les avantages : hermétiques, légers, solides et facilement manipulables. De son côté, Franck Thiebelmont, du collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs, parle, à juste titre, de colis de fortune. Dans le JT de France 3 du 15 août 2013, le sénateur maire UMP de Salives, Alain Houpert, parle d'une tradition dans le nucléaire, qu'il n'y a donc pas lieu d'en changer. Il parle "d'un contenant pas cher" et "trouve très bien que les scientifiques utilisent le bon sens". Le tout avec le sourire satisfait du béotien qui croit sans doute encore à l'invincibilité de l'intelligence humaine…
Le plutonium est la pire saleté de l'Univers, et c'est l'Homme qui l'a remis en circulation sur Terre. Car il faut savoir que, si le plutonium était présent sur Terre lors de son accrétion il y a 4 milliards d'années, sa demi-vie de 24000 ans l'avait naturellement fait quasiment disparaître depuis des lustres (on en trouve quelques traces dans certaines terres rares, ou dans des zones géologiques où des réactions naturelles en ont produit) ! C'est en enrichissant l'uranium que l'Humanité a produit de nouveau et en quantité cette saloperie dont l'ingestion de la moindre particule entraîne de facto une mort certaine. Alors, quant Alain Houpert parle de "bon sens", on croit rêver !
À quand les couscoussières à l'uranium ? Les faitouts au strontium ou les terrines au césium ? Nous vivons décidemment dans un monde d'abrutis, qui va laisser aux générations futures une planète dévastée, pourrie par l'activité de leurs ancêtres, qui pourtant avaient toutes les connaissances nécessaires pour éviter cela.