L'affaire Dieudonné
On ne parle plus que de ça : l'interdiction des "spectacles" de "l'humoriste". Interdire ? Mais c'est une atteinte à la liberté d'expression, diront les uns. Il faut l'interdire, diront les autres. Et le débat va bon train au zinc du bistrot du coin. On cite régulièrement Coluche ou encore Pierre Desproges et son fameux sketch sur les Juifs. Mais à ce propos, il faut rappeler que Desproges n'a jamais demandé à Le Pen d'être le parrain de son gosse, qu'il n'a jamais fréquenté des "penseurs" négationnistes, tels Soral ou Faurisson, et qu'en aucun cas on ne peut taxer ce véritable humoriste d'antisémitisme (rappelons à ce propos que le terme antisémite de signifie pas "anti-juif", mais vise bien tous les peuples sémites, c'est-à-dire aussi bien les Juifs que les Arabes). À l'opposé, les propos de Dieudonné sont profondément racistes, insultants, et totalement inacceptables. Imaginons un instant que Dieudonné s'appelle Hitler : le laisserait-on parler librement ? Et si oui, rappelons-nous de la suite… Comme tant d'autres, Dieudonné banalise la haine de l'autre, exacerbe les tensions et aggrave encore le climat délétère dans lequel notre pays est plongé par les propos de l'extrême droite et de la droite extrêmisante. Un climat qui conduit à traiter une ministre de guenon, ou à siffler le président de la République un jour de rassemblement national. Contrairement à Desproges, Coluche, Guillon ou Proust (Gaspard !), à qui on le compare parfois, Dieudonné n'est pas un humoriste provocateur : il pense réellement ce qu'il dit et utilise sa notoriété pour instiller les idées les plus immondes à son public. Et pour conclure, rappelons que le racisme n'est pas une opinion : c'est un délit.