Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Je vote Benoît Hamon !

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Il n'est jamais arrivé sur ce site que je dévoile clairement mes opinions politiques. Quoique, si vous me suivez régulièrement, vous devez vous douter vers quelles idées vont mes préférences. Encore plus si vous avez lu mes modestes oeuvres. Sachez que ma tout aussi modeste formation universitaire en économie m'a également inspiré depuis des années.

Je l'ai déjà expliqué à maintes reprises ici même : la véritable utopie est celle d'une croissance allant vers l'infini, basée sur l'infinité des réserves de notre planète, et promettant bien évidemment le plein emploi et le bonheur grâce à l'abondance de biens pour tous. Les deux systèmes qui ont prédominé depuis la révolution industrielle, le communisme et le capitalisme, avaient dans ce sens le même objectif. Sauf que... tout cela n'est qu'une illusion, basée sur l'exploitation outrancière de richesses pillées dans un premier temps dans les pays colonisés, et puis ensuite basée sur le pillage des mêmes richesses dans les pays décolonisés à la tête desquels on a placé des dictateurs à la solde de l'Occident, du bloc de l'Est et des multinationales qui ont pu ainsi faire leur beurre sur le compte des populations toujours aussi soumises.

Le système communiste s'est effondré dans les années 90, laissant le système capitaliste libre de gérer le monde.

En même temps, si l'on exclut l'avidité d'une minorité, les deux tenaient plus ou moins la route tant que les peuples que l'on pillait sans vergogne ne renâclaient pas et que les pays dits "développés" pouvaient continuer leur pillage organisé.

On sait donc ce qu'est devenu l'idéal communiste, ce qui a permis au capitalisme de faire ce qu'il voulait, je l'ai déjà décrit dans maints articles sur ce site. Lorsque la distribution de dividendes explose face à la croissance réelle, la marge d'ajustement c'est la masse salariale. C'est ce qui s'est produit dans les années 90. Pire encore, lorsque la part des bénéfices consacrée à l'investissement diminue au profit de la distribution de dividendes, les entreprises, volontairement, deviennent moins productives. Et, bien entendu, on va mettre cela sur le compte des charges salariales et délocaliser pour permettre d'augmenter encore le rendement (fictif) et la distribution de dividendes. Ainsi on crée de la pauvreté, non seulement dans les pays développés, mais aussi finalement dans les pays émergents.

Mais il faut continuer à vendre la production ! Car, selon une loi édictée par des "économistes" dans les années 1970, pour que la croissance se maintienne, il faut que la consommation des ménages augmente de 50 % tous les 8 ans.

Comment alors concilier un taux de chômage important créé par ces délocalisations et une augmentation de la consommation ? Facile ! Le crédit et l'obsolescence programmée ! Les gens s'endettent, on les tient par les c...hoses de la vie, et les affaires continuent. On leur vend des maisons qu'ils ne pourront jamais payer, des tas de choses pas vraiment utiles, et quand ils ne savent plus assumer, on crée une jolie crise financière qui va les massacrer encore un peu plus.

Pendant ce temps-là, les "richesses" (je déteste ce mot) se concentrent de plus en plus sur une minorité de personnes dont on se demande ce qu'ils vont bien pouvoir en faire. Pour rappel, moins ce 100 personnes dans ce monde possèdent 50 % de la "richesse" mondiale. Alors bien entendu, des "philanthropes" investissent une partie de leur fortune dans des actions soi-disant humanitaires, distribuant quelques deniers à la façon des mères catholiques au début du XX° siècle. Si ces gens-là voulaient sauver le monde, eux qui possèdent l'équivalent du PIB de nombre de pays "pauvres", ils pourraient sans se ruiner faire action utile. Des fondations voient le jour, financées par la fortune de milliardaires, dont les actions sont uniquement alimentées par les intérêts du placement du capital.". Bref : "touche pas au grisbi", comme le dirait Audiard...

Je sais, je semble disgresser par rapport au titre de cet article, mais en fait pas vraiment. Il fallait que j'explique tout cela avant la suite.

Nous sommes à l'émergence d'une évolution radicale. C'est, dans l'Histoire, la marque d'une période dangereuse, la marque d'une période de crise profonde de la société, où les dogmes s'effondrent, et où les chemins sont divergents. C'est aussi le moment où les pires idées refont surface, où l'on cherche des boucs émissaires pour expliquer la situation que l'on a créé. C'est le retour aux idées délétères d'une période qu'on prétend avoir oublié, où de faux historiens (cherchez, ça commence par un Z et ça finit par un r) et où de vieux revanchard(es) pétainistes, de père en fille ou en nièce, ressurgissent et font florès au zinc des cafés du commerce.

On peut en effet revenir en arrière (ce qui semble être la solution "miracle" au regard des dernières élections en Angleterre et surtout aux USA), avec le retour d'idées anciennes et périmées à mon humble sens, ou, au contraire, envisager l'avenir de façon différente, plus créative, et où le Peuple retrouverait enfin un certain pouvoir face à son avenir.

Je ne pense pas qu'une "révolution" soit actuellement la solution. D'ailleurs, si l'on regarde le résultat de toutes les "révolutions", on constate qu'elles mènent bien souvent à un résultat contraire. Il n'est que de constater comment notre propre "révolution" a conduit à décapiter un roi pour se retrouver avec un empereur moins de dix ans plus tard ! Sans parler de celles du Moyen Orient, où les intérêts financiers de multinationales ont contribué à semer le désordre que l'on connaît aujourd'hui. Et je ne parle pas des accords franco-anglais Sykes-Picot pour se répartir l'empire ottoman à la fin de la première guerre mondiale. Désolé, encore une disgression.

Bref, vous devez vous demander pourquoi je vais voter Benoît Hamon. Eh bien, si vous avez compris tout ce qui précède, c'est tout simplement parce que, enfin, un politique se présente avec une alternative crédible. Crédible à la fois pour le citoyen lambda et crédible dans le cadre d'une Humanité apaisée. Au niveau du citoyen, remettre la politique au coeur du débat populaire (49-3 citoyen, nomination par tirage au sort de citoyens au Sénat, entre autres...). Au niveau de l'économie, utiliser par tous les moyens la mise en oeuvre d'une économie basée sur une réorientation de la croissance par le renouvelable. Au niveau du partage des "richesses", mettre en place progressivement un revenu universel, financé par la taxation des machines robotisées, me semble une idée d'avenir.

Tiens, à ce propos, lorsque vous faites vos courses et que vous passez aux caisses automatiques, avez-vous pensé que vous faites le travail d'une caissière ? Percevez-vous un salaire pour ce travail ? Avez-vous une remise sur vos achats ? Bien sur que non ! C'est simplement tout bénéfice pour la chaîne de distribution.

Voilà, entre autres, pourquoi je vais voter Benoît Hamon.