Le revenu Universel
L'idée, que l'excellent magazine Nexus relaie depuis longtemps, fait désormais son chemin et s'invite dans la campagne à l'élection Présidentielle. À titre purement personnel, c'est une idée que je soutiens sans réserve. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle j'ai choisi de soutenir Benoît Hamon. Comme toute idée novatrice, elle crée un débat, bien souvent marqué par de fausses informations, ou par des approximations délétères. J'ai donc pris le temps de recopier in extenso une mise au point écrite par Benjamin Tison Beernaert, soutien de Benoît Hamon et membre du Conseil Citoyen 2017, et que je vous propose de découvrir sur cet article :
Revenu Universel : la réalité bien loin des clichés, par Benjamin Tison Beernaert.
Le revenu universel d'existence est une idée qui fait débat. Lors des "ateliers de mobilisation" que nous avons organisé dans nos territoires, du Dunkerquois au Valenciennois en passant par la Flandre, le Cambrésis et la Métropole Lilloise, j'ai aisément pu le constater ; j'imagine qu'il en est de même dans tout le pays. Je voudrais ici retracer de manière claire ce qu'est le revenu universel que nous proposons de mettre progressivement en place avec Benoît Hamon et revenir sur les événements de cette semaine qualifiés de "retournements", ce qui m'évitera donc de répondre à toutes les réactions que je vois fleurir sur les réseaux sociaux.
Nous faisons face à une raréfaction du travail. Ça n'est pas Benoît Hamon qui le dit, ni les brillants économistes et sociologues – Julia Cagé, Dominique Méda, Thomas Piketti entre autres – qui font partie de son équipe de campagne : c'est l'OCDE et des chercheurs de l'Université d'Oxford. L'économiste François Lenglet, contradicteur (sic) de Benoît Hamon, dans l'Emission Politique de jeudi dernier, a même mis en lumière ce phénomène dans une émission brillante en octobre 2016. Les automates, les robots, les algorithmes détruisent des emplois : c'est un fait. Ceux et celles qui travaillent dans les domaines concernés en sont les premiers spectateurs : c'est notamment le cas de ces employés de supermarchés interrogés par Libération. Nous-mêmes y sommes confrontés tous les jours, lorsque nous achetons un billet de train dans une gare, lorsque nous affranchissons notre courrier, lorsque nous faisons nos courses. Je vois mal comment on peut prétendre le contraire. Dès lors cette mutation du travail nous obligera à mieux le partager.
Par conséquent, quelle protection sociale pour demain ? Alors que celle-ci est financée par les revenus du travail, nous devons repenser la protection sociale, en offrant un filet de sécurité suffisant pour que chacun puisse vivre mieux, en complétant leur revenu du travail ou en leur offrant la possibilité d'aménager leur temps de travail selon leur mode de vie.
On entend une pléthore de choses partiellement fausses ou approximatives sur le revenu universel. On nous dit qu'il inciterait à la paresse. En 1988, le revenu minimum d'insertion de Michel Rocard n'était-il pas considéré par certains – souvent à droite, d'ailleurs – comme une "incitation à l'oisiveté" ? On nous dit que ceux qui sont au chômage ne chercheraient plus d'emploi dès lors qu'ils percevraient ce revenu. En 1999, lorsque Martine Aubry défendait la couverture maladie universelle, n'a-t-on pas entendu la droite nous expliquer que les pauvre allaient aller plus souvent chez le médecin dès lors que l'accès au soin leur serait facilité ? Finalement ces projets ont pleinement abouti et, a posteriori, personne – ou presque – n'oserait désormais les remettre en cause. Alors qu'on nous reprochait l'approximation il y a quelques mois, on nous dit désormais que Benoît Hamon aurait changé d'avis et qu'il aurait renoncé à l'universalité de ce revenu. Il n'en est rien : dès 2018, le RSA sera donc revalorisé de 10 %, versé automatiquement – alors qu'aujourd'hui un tiers des personnes éligibles ne le demandent pas – à celles et ceux qui gagnent moins d'1,9 fois le SMIC ainsi qu'aux 18-25 qui en sont exclus. Benoît Hamon a toujours affirmé que la mise en oeuvre du revenu universel d'existence serait progressive, afin de ne pas augmenter les impôts outre mesure pour le financer. Il existe d'autres pistes : la lutte contre l'évasion fiscale des sociétés et des particuliers, une meilleure progressivité de l'impôt, un grand impôt sur le patrimoine, une taxe sur les robots et les algorithmes qui détruisent des emplois... Cette dernière idée est même reprise par Bill Gates – dont je crois pouvoir dire qu'il n'a à recevoir de leçon de business de personne.
Par conséquent, nous continuerons à développer et à préciser notre plan de mise en oeuvre du revenu universel d'existence pour qu'il devienne un pilier de notre protection sociale et un outil du partage du temps de travail, et ni les conservatismes ni les fausses informations ne nous arrêteront.