Vegans vs viandards
Je regardais ce samedi 11 avril 2020 un documentaire très orienté sur le végétarisme. On y disait notamment que 150 millions d'animaux sont abattus chaque jour, que l'élevage représente la 2° cause d'émission de gaz à effet de serre, ou encore que manger régulièrement de la viande augmentait de 15 % le risque de cancer. Ces données sont parfaitement exactes.
Le documentaire en question était illustré par de nombreuses interventions du charismatique Mathieu Ricard, porte-parole du Dalaï Lama. Un personnage tout à fait respectable donc qui ne mange jamais de viande. Son raisonnement tient la route lorsqu'il dit : "est-ce qu'un plaisir gustatif vaut plus que la vie ?"
Et là, je m'interroge : veut-il dire que la vie se limite au règne animal ? Si oui, il est dans l'erreur ! Cela m'a rappelé une discussion au sein du cabinet de mon kiné, réparti en petites cabines isolées par des cloisons mobiles. On peut dont suivre toutes les conversations qui s'y déroulent. Il y a quelque temps, une patiente tenait le même langage que Mathieu Ricard. Je n'ai alors pu m'empêcher d'intervenir : "avez-vous songé, Madame, à la souffrance que nous infligeons aux légumes qu'on arrache sans ménagement, qu'on pèle, qu'on plonge dans de l'eau bouillante ?". Elle me répondit alors : "c'est pas la même chose, ce n'est pas vivant !". Tiens donc, un arbre, une plante, un buisson, ce n'est pas vivant ? Je pense sincèrement qu'avant de tenir ce genre de propos, ces personnes feraient bien de s'interroger et de se renseigner sur la grande chaîne de la vie ! Sans l'apparition des végétaux, notre atmosphère n'existerait tout simplement pas ! Sans les végétaux, les herbivores n'existeraient pas ! Et sans les herbivores, les carnivores non plus ! Dire que les végétaux ne sont pas "de la vie" revient à dire que la vie n'existe pas.
La chaîne alimentaire est une monstruosité qui oblige le règne animal à dévorer son voisin, végétal ou animal, s'il veut survivre. Seuls les végétaux ne s'entredévorent pas, bien au contraire : ils communiquent et s'entraident comme l'ont prouvé les avancées scientifiques. S'il existe un "créateur" de tout cela, ce doit être une entité quelque peu perverse ce me semble.
Mais en fait, tout cela est un faux débat : la Nature est un équilibre fragile basé sur le maintien des ressources. On ne verra jamais une lionne tuer une gazelle par plaisir. Elle le fait pour se nourrir, nourrir son gros fainéant de compagnon, et nourrir sa progéniture. Une fois tout ce monde rassasié, les gazelles peuvent se promener en toute tranquillité. Et il en va de même pour tous les prédateurs, sauf un. Le pire de tous : l'Homme. L'Homme qui, non content de tuer par plaisir, par exemple lors de ces abominables chasses à courre, tue aussi par pur profit. Sous prétexte de se nourrir, l'être humain est devenu une véritable abomination insatiable. Il n'en a jamais assez, poussé en cela par les communicants qui le font saliver à grand renfort de réclame tapageuse. Au nom du sacro-saint profit, l'Homme détruit des écosystèmes multimillénaires, comme par exemple avec l'introduction des perches dans le lac Victoria en Afrique. Ces perches ont envahi le lac, dévoré tout ce qu'elles pouvaient y trouver, et s'entredévorent désormais entre elles. Tout l'écosystème de la région est ravagé, les autochtones n'ont même plus rien à manger. Tout ça pour vendre cette poissecaille à bas prix sur les étals des hypermarchés. Dans nos contrées, ce n'est guère mieux : dans les années 60, les technocrates de l'Europe ont fait de la Bretagne la porcherie de l'Europe, avec tout son cortège de nuisances environnementales. Aujourd'hui, le porc est vendu à perte par les éleveurs et c'est l'argent du contribuable qui sert à compense leurs pertes ! Tiens, toujours avec l'Europe, un éleveur Français de poulets en batterie industrielle, dont je ne citerai pas le nom ici, a profité des subsides européens sous prétexte de compenser la rude concurrence brésilienne. Sauf que cette "concurrence brésilienne", c'était leurs propres batterie d'élevage industrielle au Brésil ! Aujourd'hui, après avoir fermé leurs usines en France, le groupe continue son activité au Brésil... L'argent n'a pas d'odeur, les élevages industriels, si.
Et voilà là où je veux en venir : le vrai débat n'est pas celui d'une guéguerre entre les végétariens et les viandards mais celui de la surconsommation humaine. Surconsommation elle-même liée à notre surpopulation galopante. Si l'on y songe bien, tous nos problèmes viennent de cela : réchauffement climatique, sécheresses, désertification de millions d'hectares, feux de forêts, pollution, guerres et même ce petit machin qui perturbe notre civilisation depuis quelques mois.
Il est plus que temps de prendre conscience de notre impact sur ce monde dont nous ne sommes que locataires. Ce grain de poussière perdu sur un bras d'une galaxie spirale (le bras d'Orion), elle-même perdue parmi des milliards d'autres galaxies. Ce n'est pas la planète qui est en danger, c'est nous ! Nous qui sommes devenus un véritable parasite, un véritable mélanome à la surface de la Terre. Si nous disparaissons, la Terre s'en remettra. Il lui reste encore près de 4 milliards d'années avant que le Soleil, ayant brûlé tout son "carburant", ne devienne une géante qui va détruire l'ensemble du système solaire avant de s'effondrer et probablement devenir un trou noir.
Il ne s'agit donc pas de choisir entre manger des végétaux ou des animaux, mais de changer notre mode de vie, délaisser l'utopie d'une croissance économique infinie, basée sur l'infinité des richesses à notre disposition. C'est notre bêtise qui est infinie !
Cessons de nous reproduire à l'infini, cessons de surconsommer de tout et de n'importe quoi ! Comme l'a dit un jour Pierre Desproges dans les années 70 : "les consommateurs, qu'on somme à tort, consomment à tort !".