Carnac, la polémique
Les médias se frottent les mains ; la guerre en Ukraine, la faim dans le monde, les innombrables conflits (Yemen, Soudan, Congo,...), finissent par lasser. C'est devenu banal d'en parler. Même le réchauffement climatique ne donne plus à voir que des congrès internationaux au cours desquels les chefs d'état se congratulent à foison devant les "progrès" accomplis lors des discussions... qui vont se poursuivre indéfiniment jusqu'à ce qu'il soit vraiment trop tard. Alors, qu'est-ce qu'on pourrait bien se mettre sous la dent ? Un crime bien sordide ? Tiens oui, pas mal, d'autant qu'il y en a de plus en plus. Mais bon, ça occupe l'affiche quelques jours sous forme d'envoyés spéciaux qui ne nous apprennent rien de plus, de micro-trottoir stériles où l'on apprend que "c'était un gentil garçon", "une famille sans histoire", "que cela devait arriver", et autre niaiseries, en attendant la désormais traditionnelle "marche blanche", et puis on attend le suivant... pour réitérer le même scénario. Alors, quand on tient un truc original, c'est bingo ! Enfin du neuf à mettre en images ! Et, en l'occurrence, il s'agit de la destruction d'un présumé site archéologique.
L'affaire ne ferait pas grand bruit si cela ne se passait pas à proximité de Carnac. Ce site découvert il y a quelques années par un archéologue amateur n'a pourtant jamais été validé par la Direction des Affaires Archéologiques – peut-être est une erreur administrative, nous dit-on – et était totalement ignoré du grand public. Seulement voilà, ce site est proche des fameux alignements de Carnac qui, eux, sont dûment validés et donc protégés. On peut comprendre que cela choque bien évidemment l'archéologue amateur pour qui c'est l'affaire de sa vie, mais il n'en reste pas moins que ce "site" n'est pas classé. Et donc le Maire de Carnac a signé le permis de construire d'un magasin de bricolage, en toute légalité. Et voilà que les réseaux sociaux, mêlant sans vergogne le vrai site archéologique et le présumé site, se déchaînent. Bien entendu, les médias prennent le relais, l'affaire devient vite virale, la violence, verbale pour l'instant explose, et on remplit des JT à base... d'envoyés spéciaux, de micro-trottoirs stériles, etc. La machine de haine est engagée.
Mais élevons un peu le débat : si l'on y songe de façon plus sereine, il faut savoir que notre planète, vieille de 4, 5 milliards d'années, recèle dans le sol de sa croûte, un nombre infini de sites archéologiques et paléontologiques ! Il y en a partout, de plus en plus anciens à mesure que l'on creuse. Et donc nos villes, nos champs, nos installations humaines, sont bâtis depuis des millénaires sur des trésors du passé ! Il se peut même que des civilisations très anciennes, hautement développées, aient totalement disparu sous les fondations des suivantes (ce fut d'ailleurs le thème principal de la 10° Planète). De ci de là, on retrouve des ossements, faisant remonter l'apparition de l'humanité de plus en plus loin dans le passé, 2 et maintenant presque 3 millions d'années : il ne s'est rien passé durant les millénaires qui ont suivi ? On sait aujourd'hui que, si l'Homme venait à disparaître, toute trace de son existence serait perdue en à peine quelques dizaines de milliers d'années. Seules subsisteraient dans l'espace les vestiges électromagnétiques de notre présence, qui eux-mêmes, finiraient par se fondre dans le fond diffus de l'Univers.
Alors, faut-il cesser de bâtir ? De creuser ? Et à ce propos, les forages nous permettant de faire remonter notre sacro-saint pétrole ne sont-ils pas aussi une hérésie lorsqu'on sait qu'il est issu de la décomposition de matières organiques, c'est-à-dire, de cadavres, que l'on brûle sans vergogne pour faire rouler nos voitures, voler nos avions et envoyer nos fusées dans l'espace (quand elles ne servent pas pour propulser des missiles) ?
Tout cela me rappelle aussi cette polémique qui a failli tourner en crise diplomatique lorsqu'on a voulu installer des éoliennes à proximité d'un cimetière militaire australien voici quelques années : cela aurait-il dérangé les malheureux qui gisent là suite à un nième conflit meurtrier ?
Pour conclure, et pour revenir à Carnac, je serais curieux de savoir combien, parmi les polémistes vindicatifs, ont un jour visité le vrai site de Carnac...