Les Indignés
En Grèce, en Espagne, en Grande Bretagne, en France, et même aux USA (dans 45 Etats), les Indignés sont présents partout.
A l'occasion de la grande manifestation européenne prévue samedi 15 octobre, la RTBF a fait le point sur eux : qui sont-ils ? que veulent-ils ? Comment sont ils organisés ?
Voici in extenso l'article de Julien Vlassenbroeck, que l'on trouve sur le site de la RTBF
Des Indignés de toute l'Europe sont donc à Bruxelles pour une semaine en vue de préparer la grande manifestation prévue samedi 15 octobre. L'un d'entre eux nous explique leurs revendications, leurs espoirs et leurs modes de fonctionnement.
Un "mouvement citoyen horizontal, autogéré qui prend des décisions sur base du consensus et de manière horizontale via des assemblées populaires". Voilà comment Amaury Ghijselings définit le mouvement des indignés dont il fait lui-même partie.
Le verbe assuré, le phrasé fluide, le jeune homme ne nie pas qu'il n'y ait pas de message clair issu de ce mouvement mais insiste par contre sur ce qui rassemble tout ceux qui en font partie.
Ce qui est commun à tous ces Indignés à travers l'Europe, c'est "le constat que le système économique et politique actuel est dans l'impasse". C'est sur base de ce constat, que "nous débattons pour voir quelles alternatives proposer, comment transformer le système".
Et peu importe si l'on compte parmi les Indignés des gens d'horizons idéologiques très disparates, "nous acceptons la diversité et la revendiquons", explique-t-il.
Des Indignés fédérés autour d'une vision "post-capitaliste"
Le qualificatif de "post-capitaliste" semble pouvoir s'appliquer à tous les participants à ce mouvement.
Un mouvement qui jusqu'ici a réussi à fédérer la protestation mais qui n'a pas de revendication politique clairement énoncée. Exception faite de la réinvention, ou plus exactement de la réappropriation de l'espace démocratique qui semble constituer le projet partagé par chacun.
"Donner la possibilité aux citoyens de se rassembler pour faire de la politique. Remettre la démocratie directe au goût du jour au niveau local", voilà un projet visiblement porté par tous au sein des Indignés.
Un moyen de concilier à la fois le respect de "la diversité culturelle", tout en laissant à chacun l'opportunité de s'exprimer et de décider de son projet de société.
"On doit sortir de la verticalité", estime-t-il, autrement dit des prises de décisions qui s'imposent du haut vers le bas. "On revendique l’horizontalité, la possibilité pour chacun de décider démocratiquement d’agir comme il veut dans sa localité".
"Tout le monde est concerné"
Un parti pris qui est à la fois "une force et une faiblesse", reconnaît-il.
Hier soir par exemple, l'assemblée générale n'ayant pu dégager un consensus accepté de tous concernant le lieu de logement (à savoir rester camper dans le parc Elisabeth comme prévu ou se rendre dans les locaux de la KUL comme le demandaient les autorités belges) il fut décidé... de laisser à la discrétion de chacun de choisir où il camperait.
Résultat: une division des effectifs entre les radicaux, partisans de camper dans le parc malgré l'interdiction policière et les autres qui acceptaient de se rendre dans les locaux de l'université de Louvain mis à leur disposition.
Sur le message à porter lors de la manifestation de samedi, sur le fait d'inviter ou non les eurodéputés à rejoindre la protestation et toute une autre série d'éléments, un consensus doit également être dégagé.
Ce sera le rôle des assemblées générales qui se tiendront tous les jours à 18h dans le parc Elisabeth à Bruxelles. Des assemblées ouvertes à tous et où les Indignés espèrent le plus de monde possible.
"J'aimerais que les gens comprennent qu'ils sont concernés aussi. Les Indignés sont des citoyens européens et pas quelques chômeurs radicalisés", nous explique Amaury Ghijselings.
"Les conséquences de la crise économique sur les acquis sociaux, sur le taux d'emploi, sur les conditions de travail, nous en sommes tous victimes tandis que ceux qui en sont responsables restent les vainqueurs de ce système", développe-t-il pour encourager tout en chacun à participer au mouvement.
Financement: "On récupère pas mal, sinon chacun y va de sa poche"
Hier, entre 400 et 600 personnes étaient présentes lors de l'assemblée. Un site plutôt bien fait rend compte, pratiquement en temps réel, des activités déjà réalisées et de l'agenda de celles à venir. Des communiqués de presse nous parviennent.
Tout cela suppose un minimun d'organisation et de finacement. Alors comment cela se passe-t-il?
"Bonne question", nous répond l'interviewé pour indiquer que le mouvement lui-même se la pose continuellement. "Personne ne finance notre organisation", poursuit-il.
"On récupère du matériel auprès de certains mouvements sociaux, chacun y va un peu de sa poche, on se réunit dans des leixu publics ou des squats", bref, jusqu'ici c'est le règne de la débrouille.
Un centre média du mouvement (dont le numéro est renseigné sur le site) est lui-même installé dans un squat.
Alors que plus d'un millier de personnes sont attendues samedi à Bruxelles et que d'autres manifestations sont prévues ce même jour dans 30 villes européennes, les Indignés comptent donc sur leur leur volonté, leur inventivité et la solidarité pour surmonter les contraintes liées aux défauts de moyens.
Julien Vlassenbroek