"Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière."

Michel Audiard

E-Cat : mythe ou réalité ?

Écrit par Paul Renard. Publié dans Science

Il ne s'agit pas d'un chat électronique, mais bien (peut-être) d'une révolution : le réacteur à fusion froide à domicile, l'Energy Catalyzer (E-Cat) !

L'affaire est d'importance puisque Science & Vie et Nexus y consacrent un article dans leur dernier numéro. Et que même le très prestigieux M.I.T. valide désormais le concept de la fusion froide.

Fusion froide, kesako ? L'idée consiste à fusionner deux noyaux atomiques à l'aide d'une faible quantité d'énergie en injectant sous pression de l'hydrogène dans un cylindre de nickel. La fusion produirait théoriquement une quantité d'énergie en sortie nettement supérieure… Sauf que jusqu'à présent, c'était plutôt l'inverse ! Car l'expérience n'est pas nouvelle : en 1990, deux chercheurs italiens, Focardi et Piantelli avaient tenté de réaliser la fusion de noyaux de nickel et d'hydrogène (la fusion produit alors du cuivre) en produisant seulement quelques dizaines de watts, au prix d'une dépense énergétique nettement supérieure. Or, il semblerait qu'Andréa Rossi ait réussi le pari. En utilisant de la poudre de nickel (probablement à l'échelle nanométrique) : cette modification permettrait alors d'augmenter la probabilité qu'un noyau d'hydrogène se retrouve suffisamment près d'un noyau de nickel pour fusionner avec lui (probabilité jusqu'alors quasi nulle).

Comment fonctionne l'E-Cat (Energy Catalyzer) d'Andréa Rossi ? L'appareil se présente sous la forme d'un tube de cuivre d'une trentaine de centimètres présentent en son milieu un renflement abritant le cœur du réacteur, de 50 ml, en acier inoxydable, contenant la fameuse poudre de nickel. En y injectant sous pression (2 à 20 bars) de l'hydrogène, on initie la réaction en chauffant le tout grâce à une petite résistance électrique de 300 watts. Lorsque la réaction est initiée, il ne reste plus qu'à injecter de l'eau qui se réchauffe au contact du tube et produit de la vapeur, l'ensemble se comportant comme une simple bouilloire (ce qui est le cas de toutes les centrales). Selon l'inventeur, d'ici quelques années, une unité de 5 KW serait vendue aux alentours de 2 000 €. Quant au "combustible" nécessaire, il en coûterait une trentaine d'euros par an à l'utilisateur !

schemaecat

Voici à quoi pourrait ressembler les modèles "domestiques" :

Catdesign RossiECatconcept

Une arnaque ? Pas sûr du tout : le 14 janvier dernier, à Bologne, le catalyseur d'Andrea Rossi et Sergio Focardi a produit 10 kW avec une puissance d'entrée de 600 watts durant une heure (durée de l'expérience). Sur l'image, on voit Andréa Rossi et un banc d'E-Cat utilisés lors d'un test :

Test

Et Rossi n'est pas le seul : le Dr. Schwartz de la compagnie Jet Energy a montré expérimentalement la réalité de la fusion froide lors d'un séminaire organisé du 23 au 31 janvier dernier par le Professeur Peter Hagelstein. Grâce au système baptisé NANOR de cette entreprise, un gain de 10 (puissance de sortie/puissance d'entrée) a été mesuré.

Pas d'ions radioactifs, pas de déchets (la fusion produit du cuivre) et bien entendu zéro CO2 : si tout cela fonctionne comme il est dit, les lobbies pétroliers et nucléaires ont de gros, de très gros soucis à se faire !