Solaire : va t'on enfin y croire ?
Chaque heure, notre Soleil envoie sur Terre l'équivalent d'une année de consommation énergétique de l'humanité ! Une énergie gratuite et intrinsèquement non polluante et renouvelable que l'on s'obstine à négliger. Raisons invoquées : l'irrégularité de la production (le soleil "s'éteint" la nuit, comme le disait l'ineffable Allegre !), répartition inégale des zones exploitables (quand la géopolitique s'en mêle…), indépendance énergétique (nucléaire), et surtout le coût de construction, considéré comme "pharaonique". C'est par exemple, ce que l'on pouvait lire dans le numéro 1125 de juin 2011 du magazine Science et Vie. Une centrale solaire thermique à concentration coût entre 3 et 7 milliards d'€. Cher, certes. Mais c'est un chiffre à comparer avec celui d'un dinosaure, tel ITER, avec ses 19 milliards d'€ déjà dépensés, et qui ne produira jamais le moindre watt, puisqu'il s'agit d'une expérimentation destinée à savoir si, oui ou non, la fusion nucléaire est réalisable. Si la réponse est "oui" – ce qui est loin d'être évident –, alors on construira DEMO, vers 2050 "pour voir" si on peut en faire une centrale électrique. Et si "oui", il faudra attendre 2100 pour voir PROTO, la première centrale opérationnelle à fusion chaude. Inutile de préciser que d'ici là, nous aurons continué durant un siècle à plomber l'avenir avec nos déchets nucléaires, nos gaz à effet de serre et l'exploitation massive d'énergie fossile. Ainsi, après la catastrophe de Fukushima, Angela Merkel a mis fin à l'exploitation du nucléaire en Allemagne… pour exploiter de nouveau le charbon ! Des mines gigantesques à ciel ouvert nécessitant le déplacement de villages entiers.
Et puis, il y a aussi ces fameux gaz de schiste que les Américains utilisent déjà à grande échelle, provoquant des dégâts irréversibles sur l'environnement et bénéficiant, grâce à Dick Cheney et ses amis, d'une loi de 2005 exemptant les compagnies de toute surveillance de la part de l'Agence Américaine de Protection de l'Environnement (EPA) en vertu de la loi sur la salubrité de l'eau potable ! Tout le monde a vu ces images incroyables d'eau du robinet inflammable…
Le tout basé sur une bulle spéculative qui a fait dire à Obama qu'il y avait 100 ans de réserves… en confondant les "ressources" et les "réserves" réellement exploitables. Voir à ce sujet le dernier Nexus (n° 88 – Septembre – Octobre). En France, la fracturation hydraulique est toujours interdite… Jusque quand ?
Et pourtant, il semblerait que le bon sens commence à prendre le dessus. À faible échelle, il est vrai. Ainsi, la société Ciel et Terre, basée à Hem (Nord de la France) a récemment vendu au Japon un concept innovant : une centrale photovoltaïque flottante.
En effet, il existe de par le monde, un grand nombre de surfaces exploitables, comme les lacs de retenue ou les bassins d'irrigation, qui peuvent accueillir ce genre de projet. Cette centrale, la plus grande du monde à l'heure actuelle produit 1MW. Les modules en polyéthylène à haute densité, au nombre de 5000, et fabriqués en France, sont capables de résister durant 20 ans aux vents et typhons. Nous sommes loin des 1000 MW d'une centrale nucléaire, mais c'est un pas en avant. Dans un esprit similaire, la société Soitec (USA) a construit la première grande centrale électrique solaire parabolique.
Chaque parabole est capable d'alimenter 30 foyers et, à terme, c'est toute la ville de San Diego qui bénéficiera d'une électricité propre et, par nature, infiniment renouvelable. Citons encore Gemasolar en Espagne. Une centrale solaire thermique à concentration, capable de produire de l'électricité, même durant la nuit, grâce à l'utilisation de sels fondus qui préservent la chaleur durant 15 heures.
Cette centrale produit 19,9 MW, grâce à 2650 héliostats (miroirs qui suivent la course du Soleil) disposés sur 185 hectares. Le flux ainsi concentré produit une chaleur de 500° qui vient chauffer le sel fondu, lequel permet de produire de la vapeur d'eau et de faire tourner des turbines.
Dans ces trois exemples, il s'agit de technologies parfaitement éprouvées depuis des décennies. Mais dans un monde où l'argent et le profit à court termes sont rois, le combat est loin d'être gagné.