Cha...râle !
Comme je l'ai indiqué dans ma bio (page auteur), je suis né en 1955. Dix ans après la seconde guerre mondiale (je préfère l'expression "dernière", mais bon ça c'est moins évident…). Quand j'étais gamin, on vivait plutôt bien : mon grand-père avait un jardin ouvrier et un colombier (il était comme on disait à l'époque dans ma région "coulonneux"), il avait aussi quelques lapins, des poules.
Le parrain de ma sœur avait une propriété à Roncq et une autre à Zillebeke en Belgique, avec étang et vergers, des ruches et même aussi un poulailler. À l'époque, on mangeait la production de ces jardins et vergers. Des fruits et légumes de saison, sans évidemment aucun pesticide ni engrais. Il y avait des œufs, du miel, et puis aussi, de temps en temps, du poisson pêché dans l'étang de Zillebeke, des pigeons (ceux qui ne volaient pas assez vite et qui finissaient farcis, accompagnés de petits pois du jardin), ou du lapin. J'ai souvenir de ma mère, écaillant les poissons, ou brûlant les derniers vestiges des plumes des volailles qu'elle achetait les jours de fête chez les commerçants de Tourcoing, ma ville natale. Je me souviens aussi des gésiers, que lesdits commerçants offraient, ou des os à moëlle, toujours gratuits, dont les bouchers étaient bien contents de se débarrasser. Ça, c'était le dimanche.
La semaine, un bol de soupe faite maison et quelques tartines constituaient un repas tout à fait consistant. À l'époque, le "bio" commercial des publicitaires était une évidence. Les campagnes sentaient le fumier, engrais naturel. L'on mangeait sain, en quantité raisonnable. Les yaourts étaient fournis en pot de verre ou de carton. Et si d'aventure, l'épicier du coin vous fournissait une tomate véreuse, il suffisait d'y retourner et de l'échanger.
Et puis sont arrivées les grandes surfaces. En 50 ans, la consommation de viande a augmenté de 500 %, les communicants ont fait passer les messages : "le foie gras, c'est tous les jours", pareil pour la viande, les légumes en conserve, les plats préparés et cuits au micro-onde. Les jardins potagers sont devenus des pelouses qu'il faut entretenir contre toutes les "invasions" de mauvaises herbes à grand renfort de désherbants chimiques. Plus question de planter des légumes consommables : la pelouse doit briller pour les voisins !
Aujourd'hui, la viande industrielle crée de la pollution partout sur la planète. La majorité de la production agro-alimentaire sert à nourrir le bétail. Les conditions de vie des animaux sont inacceptables. Leur mise à mort est digne des camps de concentration du III° Reich. Il existe un film piraté chez un grand distributeur de viande, montrant des bovins vivants, pendus par une patte, alors qu'en face une machine égorge leurs congénères. Tout ça pour nous fournir une soi-disant viande de qualité qu'il faut consommer midi et soir pour maintenir des emplois et la croissance économique (je ne citerai pas la marque en question : ce serait le procès garanti). Pour les volailles, c'est pareil. J'ai vu récemment une pub où l'on montre un coq peignant une poule : le tableau représente un steak de volaille au fromage… Affligeant. Là encore, pas de citation de marque.
Pendant des années, j'ai fait de la pub. Au début, c'était pour des enseignes locales, indépendantes. Puis, peu à peu, ce furent des chaînes de distributeurs. Aujourd'hui, j'ai décidé d'arrêter tout ça. J'interdis que l'on utilise ma voix pour promotionner ces enseignes qui contribuent à ce suicide collectif et cette destruction de la nature au nom du profit.
D'ailleurs, les grandes surfaces ne s'y trompent pas en créant de nouvelles enseignes, soi-disant "bio", soi-disant respectueuses des producteurs locaux. Et, signe des temps, après avoir vidé les centres-villes de leurs commerces traditionnels, les voilà qui s'y implantent, en faisant croire qu'elles sont au cœur du respect de l'éthique et des paysans qu'elles ont contribué à détruire au fil des décennies.
Le samedi, au lieu de vous balader dans les centres commerciaux, et si vous avez encore de quoi vous payer un peu d'essence, utilisez votre voiture pour aller rencontrer les fermiers. Prenez le bon air, achetez à bon prix ce dont vous avez réellement besoin et contribuez à faire vivre les producteurs ! Fuyez les grandes surfaces comme la peste qui ravage le monde ! Chaque région a ses spécificités alimentaires (légumes, fromages, viandes,…) : quel besoin avons-nous d'aller chercher ailleurs ce que nous trouvons chez nous ? Par snobisme ? Parce que nous avons vu une pub vantant les mérites d'un produit pour lutter contre le cholestérol ?
Retenez cette leçon : la pub manipule, c'est en tout état de cause du vent !